De l'amour a la haine... De la haine a l'amour? [Chris]

Sara reflechissait. Assise dans l'herbe, le soleil la rechauffant avec douceur alors que ses bras cerclaient ses jambes remontees contre son torse elle reflechissait. Ou plutot elle repensait a tout ce qui etait arrive... Arrive trop vite. Chris, Thomas, l'appartement vide, son demenagement, son esprit enfonce au maximum dans sa collection pour ne plus penser a eux... Ne plus y penser parce que ca fait trop mal. En meme temps comment ne pas avoir mal alors que vous avez ete trahi par celui qui dans votre coeur reste l'homme de votre vie? Comment ne pas souffrir alors qu'il a disparu en vous arrachant votre bebe, alors que pourtant tout allait bien... Du moins c'est ce qu'elle croyait. Chris avait l'air heureux avec elle pourtant... Elle ne comprenait plus rien. Qu'est ce qui avait fait qu'elle merite ca? Pourquoi avait-il arrache puis dechire son coeur de cette facon?

La jeune femme aurait voulu comprendre. Mais il semblait que les explications, le pourquoi de cette trahison... Elle ne les aurait jamais. Chris pouvait etre Dieu seul sait ou. Et elle avait beau avoir remue ciel et terre il avait bel et bien disparu. Il avait disparu en lui arrachant son coeur, sa joie, son bebe, son bonheur et ses sourires.

Et Sara sursauta. Est-ce qu'elle devenait reellement folle cette fois? Pourquoi avait-elle l'impression de voir la silhouette de ce corps qu'elle connaissait encore par coeur, juste sur le chemin de terre faisant le tour du parc.. Mais en secouant la tete elle se rendit compte qu'elle ne revait pas. Chris marchait en passant a cote d'elle sans la voir, cachee en grande partie par l'arbre qui bordait le lac du parc. Mais si il croyait s'en sortir comme ca...

En un bond la blonde etait debout et un melange de colere, de desespoir lui donnerent une energie incroyable pour remonter la legere pente menant au chemin. Sauf que Chris sans se presser avait une belle avance et il serait surement hors de vue avant qu'elle ne l'attrape.

- Hey !

Oh non il ne s'en sortirait pas si facilement. Elle ne le laisserait certainement pas filer.

- Chris putain c'est a toi que je parle, hurla litteralement la jeune femme incapable de retenir sa rage alors qu'elle franchissait la distance les separant.

Tout le monde les regardait. Incredules, curieux, se demandant si il fallait s'inquieter pour ce jeune homme qui allait surement se faire agresser par cette folle furieuse... Oui Sara etait folle. Ivre de rage, de desespoir, de chagrin... Par sa faute. Elle attrapa son bras se foutant totalement de lui faire mal ou non et le forca a lui faire face.

- Ou est-il! Ou.. Ou est Thomas. Qu'est ce que tu as fait rends le moi!

Chris était donc fraichement débarqué à New York. Il ne savait toujours pas pouquoi, mais il sentait au plus profond de lui même que la clé de tout était là. Et cette idée fut confirmée par l'arret qu'essuya son coeur lorsqu'il croisa son premier taxi jaune à la sortie de l'aéroport. Pourquoi ces objets lui étaient-ils si familiers ?

Ni une ni deux il s'était précipité à l'intérieur de l'un d'eux, claquant la moitié de ses dernières économies pour rejoindre le centre ville. A l'intérieur, il n'avait cessé de se creuser les méninges pour tenter de se remémorer quelque chose. Pourquoi il se sentait si bien dans ce véhicule qui roulaient dans des rues bondées et pourtant qui lui donnait pour la première fois la sensation de se sentir véritablement chez lui ? Mais rien n'y faisait. Comme toujours, seule une vague noire lui revint en tête.

Déposé dans le centre ville, Chris regarda partout autour de lui. Il était véritablement perdu. Il ne savait pas où aller. Et alors qu'il plongea sa main dans la poche de son pantalon, il se rendit compte que le peu d'argent qu'il lui restait n'allait sans doute pas suffir pour qu'il se permette de se payer une chambre d'hôtel, aussi minable soit-elle. Il soupira. Tout recommençait. Comme à sa sortie de l'hôpital. Quand il n'était personne, juste un nom sur un bout de papier. Comme quand il ne connaissait pas la ville où il était, la langue qu'on y parle, quand il ne savait pas ce qu'il pourrait bien faire pour gagner l'argent necessaire pour vivre. En attendant, il devrait se débrouiller pour trouver un endroit qui le protégerait éventuellement de la pluie et du vent des nuits à venir. Il s'était pourtant promis de ne pas revivre ça. Être à la rue jusqu'à ce qu'un âme bienveillante veuille bien l'aider. Et pourtant il n'avait pas hésité une seule seconde cette fois ci à tout abandonner.

Alors qu'il se perdait dans ses pensées une nouvelle fois, des cris résonnèrent non loin de là. Un enfant qui pleurait. Comme par réflexe à présent, il se boucha les oreilles mais cela ne fit rien. Ces cris lui rappelaient ceux qui venaient le hanter la nuit. Alors il se mit à courrir du plus vite qu'il pouvait, comme si cela allait lui permettre de leurs échapper. Pourquoi ces pleurs enfantins étaient-ils si insoutenables pour lui alors que n'importe qui d'autre s'en accomode ?
Il se stoppa à bout de souffle aux pieds d'un parc et se tint deux secondes aux grilles le temps de reprendre son souffle. Un parc, c'était un bon endroit pour dormir la nuit, non ?

Il y pénétra donc et se contenta de suivre le chemin de terre, paraissant le plus naturel possible. Pourtant, ses yeux fouillaient partout un recoin qui lui servirait d'abri. Et alors qu'il était encore et toujours en pleine recherche, il crut entendre son prénom. Bien sur, c'était idiot, il y avait tout un tas de personnes dans ce parc, il pouvait parfaitement s'agir d'un gamin ayant désobéi à sa mère. Et pourtant, Chris avait l'impression qu'il connaissait cette voix. Il ralentit le pas mais ne se retourna pas pour autant. C'est alors qu'il sentit une prise sur son bras le forçant à se retourner.

Et ce qu'il vit lui fit peur. Cette femme... une silhouette fine, blonde. Elle lui rappelait étrangement son fantôme. Il ferma les yeux et bougea sa tête de droite à gauche pour chasser cette image et se concentrer sur ce que cette fille pouvait bien lui raconter. Ses traits étaient déformés par la colère, la rage et cela faisait peur à Chris. Il n'avait jamais vu quelqu'un dans cet état en un an d'existance. En avait-il vu avant ?
Quoiqu'il en soit, il ne comprenait pas un traitre mot de ce que pouvait bien raconter cette femme. Enfin il comprenait le sens des mots, il avait appris un peu l'anglais en vue de ce voyage, mais qui était ce Thomas ? Et qu'est ce qu'il avait fait ? Bah pour l'instant pas grand chose...

Il se retrouva un peu con et tenta de parler du meilleur anglais qu'il pouvait

- Excusez moi mais... qui êtes vous ?

Sara devait faire son maximum pour se calmer alors que son coeur battait trop vite, que ses larmes menacaient de se montrer dans ses yeux, que sa respiration se cassait sous un trop plein de rage. Mais elle n'arrivait pas a se calmer : l'homme a qui elle vouait une haine totale pour l'avoir trop aime, pour lui avoir trop fait confiance et qui etait la reponse qui la menerait a son bebe etait la devant elle. Et elle comptait bien a ce qu'il lui ramene Thomas, elle ferait tout pour ca. Elle ne comptait plus sur l'idee d'une famille, elle ne comptait plus sur Chris. Elle l'aimait encore et ne pourrait jamais s'en empecher mais elle avait appris certes a contrecoeur a faire une croix sur lui. Comment encore vivre avec quelqu'un qui vous trahit de la pire maniere qui soit...

- Excusez moi mais... qui êtes vous ?

La jeune femme eut l'impression de se prendre une gifle monumentale. Elle ne se trompait pas de personne, elle en etait sure, elle savait tres bien que c'etait son ex petit ami a qui elle faisait face. Pourtant elle pouvait lire tellement d'interrogation dans ses yeux...

- Bien sur tu t'es pas encore assez foutu de moi faut que t'en rajoutes, ironisa-t-elle mechamment en croisant ses bras sur son torse.

Sauf que... A l'observer il y avait bien quelque chose qui n'allait pas. Chris n'arrivait jamais a lui mentir sans qu'elle s'en rende compte, elle le connaissait trop. Mais la c'etait clairement comme si il ne comprenait rien. Il la regardait d'un regard qu'elle ne lui connaissait pas ; elle voyait cette part de peur en lui. Comme si il ne la reconnaissait vraiment pas, qu'il ne comprenait pas...

C'etait a s'y perdre. Si il voulait qu'elle devienne folle c'etait bien parti. Sara passa sa main dans ses longs cheveux blonds, essayant de remettre ses idees en ordre. Pourtant d'un coup tout semblait complique... Pourquoi c'etait comme si il ne souvenait de rien? Pourquoi elle avait l'impression que c'etait vrai... Qu'il ne se fichait pas d'elle mais qu'il ne comprenait vraiment pas... C'etait une histoire de fous. Et d'un cote elle ne voulait pas croire a cette histoire d'amnesie : si il ne se souvenait pas d'elle alors comment lui ramenerait-il son bebe? Cette simple idee suffit a lui faire venir les larmes aux yeux. Elle secoua la tete, les refoulant et souffla un grand coup.

- Ok. On reprend tout a zero. Qu'est ce que tu sais? De toi, de ton passe...

En effet Chris ne comprenait plus rien. Pourquoi cette femme semblait-elle lui en vouloir autant ? Pourquoi autant de haine dirigée contre lui alors qu'il ne la connaissait même pas. Et puis qui était ce foutu Thomas bon sang ! Pourquoi lui aurait-il fait quelque chose ?
Depuis un an, depuis qu'il était capable de se souvenir de quoique ce soit, Chris n'avait jamais été capable de faire du mal à qui que ce soit. Même pour survivre dans la rue. Ce qui lui avait d'ailleurs valu de prendre pas mal de coups sans jamais en redonner. La plus belle preuve était cette cicatrice au coin de la lèvre supérieure, à droite.

Et pourtant, pourtant... si c'était elle qui avait scandé son prénom tout à l'heure, et que là, elle semblait le détester... et que lui ne la connaisse ni d'Eve ni d'Adam... cela voulait bien dire qu'elle l'avait connu avant ! Enfin !!!
Et en la détaillant bien... en faisant abstraction des traits fins de son visage, de ses formes bien dessinées... en omettant tous ces détails beaucoup trop précis... plus ça allait et plus Chris avait l'impression de faire face à "son fantôme". A cette silouette aux longs cheveux blonds qu'il semblait voir partout, à chaque instant, comme sa propre ombre.

Il tenta bien de répondre un

- Mais...

Lorsque la jeune femme l'estampilla de se foutre de sa gueule alors que ce n'était vraiment pas le cas. Il semblait avoir été un monstre auparavant pour que cette femme le déteste autant. Et cela lui faisait peur. Un instant il aurait voulu revenir en arrière. Il avait toujours voulu renouer avec son passé mais à présent, il n'en était plus très sur.

Il aurait voulu lui dire que c'était sincère, qu'il ne savait vraiment plus qui il était, alors comment pourrait-il savoir qui elle était, elle...
Il vit des larmes monter aux yeux de la jeune blonde et il se sentit mal. Il n'aimait pas du tout la voir ainsi. Cela lui donnait envie d'hurler. Il ne supportait pas sa tristesse, il aurait voulu la prendre dans ses bras pour la consoler. Mais qui était-il pour se permettre de faire ça ?

Elle semblait comprendre qu'il était sincère puisqu'elle chercha à comprendre ce qu'il savait de lui. Il prit une profonde inspiration, sachant que ce récit allait être difficile à faire pour lui, et surement à entendre pour elle.

- En réalité, je ne sais rien de moi. A part que je m'appelle Chris Bennett et que j'ai été retrouvé il y a environ un an sur les berges du Rhin en Allemagne, dans un mauvais état... que j'ai été dans le coma pendant deux mois avant de me réveiller et de ne plus rien savoir de ma vie passée.

Il marqua une pause, devait-il en dire plus sur "comment il avait été retrouvé"? Enfin qu'on avait très probablement voulu le tuer ? Après tout, s'il avait été un salaud, ça paraitrait logique.

- Et toi, que sais-tu de moi ?

Sara ecoutait ce que son ex lui disait, essayant de rassembler les pieces du puzzle. Elle ne comprenait pas grand chose a part qu'il avait ete retrouve a l'autre bout de la planete... Mais qu'est-ce qu'il faisait en Allemagne? Ca n'avait absolument aucun sens puisqu'il n'avait aucun passe ni aucune famille la bas... Mais qu'est-ce qu'il faisait a pleusieurs milliers de km?

- Et toi, que sais-tu de moi ?

Qu'est-ce qu'elle savait de lui? Ou plutot ce qu'elle croyait savoir? La jeune femme soupira, ne reussissant qu'un sourire triste. Elle ne savait pas tellement quoi lui dire. Il y avait cette colere en elle, ce desespoir qui ne demandaient qu'a s'exprimer... Et en meme temps l'interrogation prenait place sur ses sentiments et lui balancer au visage ce qu'elle ressentait paraissait injuste.

C'etait comme si il ne meritait rien de cette haine, de cette rancune qu'elle lui portait. Il avait disparu sans explications emportant leur enfant et leur bonheur et en le voyant ainsi c'etait comme si ce qu'elle ressentait n'etait pas justifie... C'etait assez troublant.

Elle soupira un grand coup se demandant par ou commencer. Il y avait tellement de choses a raconter... Mais il faudrait se contenter des grandes lignes du moins pour le moment, vu l'endroit peu approprie.

- Tu es ne le 21 aout 1988 a Chicago, commenca-t-elle en essayant de sourire un peu. Tu as fugue de chez toi a 12 ans parce que tu ne voulais plus etre un poids pour ta mere alors qu'elle ne cachait pas que ton androgynie lui faisait honte. Tu es venu jusqu'ici, a New York, rejoindre ton frere qui t'a accueilli lui les bras ouverts. On s'est rencontres quand tu avais 14 ans et on a eu une relation. Grandir, tomber amoureux, on a eu un appart puis un fils... Thomas... Il a un peu plus de 4 mois maintenant...

Bien sur parler d'eux, de cet amour passe, de Thomas... Ca a ete le coup dur et sans pouvoir les retenir les larmes coulaient en cascades sur le visage de Sara. C'etait comme si son coeur se brisait une nouvelle fois. Le coup n'etait pas moindre elle avait encore mal ; c'etait de ses blessures que votre coeur porte toujours sans jamais les voir se refermer. Une de ses blessures qui vous blesse au plus profond de votre ame, au plus profond de vous.

- Et... T'as disparu... Je suis rentree et vous n'etiez plus la, ni Thomas ni toi...

Comment la convaincre qu'il était sincère ? Pourtant c'était bel et bien le cas. Bien sur pour quelqu'un de l'extérieur, ça paraitrait impossible, et encore plus en sachant qu'apparemment il n'avait pas été clean par le passé. L'amnésie semblait être une sortie bien facile.
Et pourtant, cette fois ci, Chris aurait préféré se confronter à la dure réalité qu'était sa vie passée. Parce que ça aurait été plus simple pour cette jeune femme de lui donner les réponses qu'elle semblait attendre depuis longtemps. Parce qu'il ne supportait pas de la voir dans cet état. Parce que son coeur semblait se réduire en miettes à chaque larme qu'elle pouvait bien verser.
Et il comprit mieux cette réaction venant du plus profond de lui lorsque la blonde commença le récit de son passé.

Alors ils avaient eu une histoire ensemble ? Vu la beauté de la jeune femme, il songea un instant qu'il avait été l'homme le plus chanceux du monde à cette époque. Il avait donc été heureux, avant ... mieux encore il était papa. A 21 ans d'après ses rapides calculs, il était déjà père. C'était tôt mais il devait être sérieusement amoureux d'elle pour lui faire un tel cadeau. Thomas... c'était un magnifique prénom. Chris était content que son fils puisse s'appeler comme ça.

Cependant, il y avait un hic. Ils avaient disparu tous les deux en même temps. Lui amnésique, son fils toujours pas réapparu ... que lui était-il arrivé ? Qu'était-il devenu ?

Chris aurait aimé qu'avec ces informations délivrées, tout son passé lui reviendrait en tête, que tout serait beaucoup plus simple d'un coup mais rien. La seule chose plausible qu'il trouvait c'était que cette fille était son fantôme. Et que éventuellement, ses cauchemars où un enfant hurlait à la mort puisse être son fils. Mais c'était tout. Rien sur ce qui avait précédé son "accident".

Mais si cette femme semblait lui en vouloir autant, il y avait bien une raison. Il fallait que Chris s'en assure.

- Et tu crois que c'est moi qui suis parti avec Thomas ? Que je te l'ai enlevé ?

Le pire dans tout ça, c'est que lui même n'avait pas la réponse. Si c'était vraiment le cas, que c'était-il passé entre l'instant où il était parti avec son fils et celui où on le retrouva en Allemagne ?
Il se sentait impuissant et détestait ça. Et de voir que tout cela remuait d'affreux souvenirs en tête de celle qui lui faisait face le tuait. Il espérait que quelque chose lui donnerait un déclic.

- Excuse moi de te demander ça mais... quel est ton prénom ?

Certaines decisions avaient ete prises alors que pas mal de personnes avaient du mal a les voir deja comme des adultes, c'est vrai... Mais eux avaient ete surs d'eux. De leurs decisions. De leurs choix. De leur amour. Ils avaient etabli une relation depuis les premices meme de l'adolescence et avaient soude leur amour en le grandissant en meme temps que eux quittaient l'enfance : c'etait ca leur force. Leur couple avait ete soude et fort comme il etait rarement donne de le voir grace a ca. Si un premier amour etait deja des plus forts l'avoir grandi ainsi etait autant une epreuve qu'une fierte, quelque chose qui restait indicible et pourtant... Complique. Magnifique.

Mais l'amour avait disparu de la vie de Sara du jour au lendemain sans qu'elle ne comprenne rien. L'amour avait disparu si soudainement et brutalement qu'elle aurait surement moins souffert qu'on lui arrache le coeur pour le mutiler a vif, pour le briser sans merci.

- Et tu crois que c'est moi qui suis parti avec Thomas ? Que je te l'ais enlevé ?

Que pouvait-elle croire d'autre? Les apparences etaient contre lui, le desespoir et la peur, les larmes et la colere rendaient la jeune femme subjective. Son mal la perdait au point meme qu'elle ne savait pas quoi ni qui croire. C'etait si complique de savoir... Le regard qu'elle leva vers Chris etait le reflet aussi bien de cette haine inexpliquee, de ces doutes, de ces questions, de ces maux vivant en elle sans qu'elle reussisse a les arracher de son coeur.

- J'aurais voulu que tu me promettes qu'il y avait une autre explication... Que je me trompe depuis le depart, que tu...

Qu'il lui promette qu'il n'avait pas joue avec ses sentiments. Qu'il l'avait aimee autant qu'elle l'avait aime. Du moins tout aussi sincerement... Elle l'avait longtemps cru. Mais il avait disparu et cette certitude s'etait perdue, transformee en une vague impression face a l'acte que tout l'accusait d'avoir fait.

- Excuse moi de te demander ça mais... quel est ton prénom ?

Sara eut l'impression de se reprendre un enorme coup au coeur. Il n'arrivait meme pas a se souvenir de son prenom... Alors comment pourrait-il se souvenir d'eux? De ce qu'ils avaient vecu... Leur amour... Si apres avoir parle de leur passe il ne se rappelait meme pas son prenom alors tout espoir de le voir se rappeler... etait brise.

- Laisse tomber. Tu sais quoi... Laisse tomber, essaya d'articuler la jeune femme en se retenant comme elle le pouvait, certes tres mal, de pleurer a nouveau.

Tous ses espoirs s'envolaient. Son coeur se brisait de cette decision. Mais apres la disparition de leur bebe, de leur fils, des souvenirs et des sentiments de l'androgyne... Laisser leur histoire derriere eux n'etait-ce pas la seule solution possible pour qu'ils ne souffrent pas davantage...

Chris avait énormément de mal à voir Sara dans cet état. Déjà à la base (de sa nouvelle vie tout du moins), il n'aimait pas voir les gens pleurer. Et cette fille avait dû énormement compter pour lui alors savoir qu'en revenant, il la rendait aussi mal, que tout ça c'était sa faute... et qu'en plus, il n'était pas foutu de se rappeler quoique ce soit qui pourrait la soulager... que ça soit dans le bon sens ou non... si au moins elle pouvait le détester une bonne fois pour toute s'il le méritait, qu'elle passe à autre chose. Mais non, ça non plus il n'en était pas capable.

Le jeune homme avait vraiment l'impression que son interlocutrice se forçait à le croire coupable. Il n'était peut être pas si mauvais que ça alors ?

Le blond espéra sincèrement qu'avec son prénom, quelque chose se déclencherait dans sa maudite tête. Les médecins l'avaient toujours dit. Peut être qu'un choc lui permettrait de recouvrer sa mémoire, mais ce n'était pas sur. Et pourtant, là, il fallait que ça arrive. Pour sauver cette femme qu'il avait très certainement aimé. Ca il en avait l'impression. Et puis comment ne pas aimer cette magnifique jeune femme, sincère, avec un regard envoutant. Il avait l'impression de pouvoir plonger dans ses yeux. Même s'ils étaient remplis d'une infinie tristesse.
Cependant, elle n'eut pas la réaction espérée. Elle préféra baisser les bras. Ca par contre, ce n'était pas du tout du gout de Chris.

- Je t'en supplie aide moi à retrouver qui j'étais. Peut être que ça nous ramènera notre fils. Tu m'as connu pendant des années, penses tu sincèrement que je puisse être un salaud qui joue avec les sentiments des autres ? Un monstre au point de te priver de notre enfant ? Ce que je suis aujourd'hui ne peut pas être aussi différent de ce que j'ai été autrefois...

C'était un peu bizarre d'utiliser le pronom personnel "notre" pour désigner Thomas. Et pourtant, l'androgyne avait fait ça de façon tout à fait naturelle. Après tout, cette jeune fille pouvait lui raconter tout et n'importe quoi mais Chris y croyait. Comme il croyait avoir aimé cette femme. Comme il croyait se rappeler d'une silhouette filiforme et masquée s'emparer d'un paquet dans leur chambre avant qu'il ne se fasse assommer...

- Je ne veux pas te laisser comme ça... Je veux t'aider ...

Sara pleurait. Son coeur l'etranglait de tant se serrer. Se retrouver face a son passe, face a ces douleurs restees a vif dans son coeur et sa memoire n'avait rien de facile. C'etait plus simple d'oublier. Au moins si elle aussi les avait oublies elle ne souffrirait plus comme elle souffrait depuis trop longtemps ; au moins peut etre arriverait-elle a avoir une vie normale. Mais elle se souvenait. Elle avait horriblement mal. Et elle ne vivait que tant bien que mal apres ce qui etait arrive...

- Je t'en supplie aide moi à retrouver qui j'étais. Peut être que ça nous ramènera notre fils. Tu m'as connu pendant des années, penses tu sincèrement que je puisse être un salaud qui joue avec les sentiments des autres ? Un monstre au point de te priver de notre enfant ? Ce que je suis aujourd'hui ne peut pas être aussi différent de ce que j'ai été autrefois...

Sara aurait du reagir en entendant ces mots... Mais elle etait tellement perdue qu'elle ne savait plus comment reagir. Elle etait celle qui avait le mieux connu Chris par le passe, ca elle en etait sure rien qu'a la maniere qu'il avait de se devoiler a elle. Elle etait la mieux placee pour l'aider a se souvenir.
Mais se souvenir pour redevenir celui qu'il etait? Sara n'etait meme plus sure maintenant de celui qu'il avait ete. Quand bien meme si il avait ete sincere, apres avoir tant manque de lui... Horriblement trop manque de lui, de son amour, de sa presence... Elle ne se sentait pas capable de se retrouver face a lui. Elle n'arriverait pas a lui offrir un renouveau dans leur relation. Elle avait trop souffert, trop pleure pour sentir qu'elle pourrait supporter de revivre ca encore une fois. Ca serait la fois de trop.

- Je ne veux pas te laisser comme ça... Je veux t'aider ...

Sara ne put s'empecher de lancer un regard aussi triste qu'interrogateur a celui qu'elle ne pouvait s'empecher d'aimer... Aimer comme une folle. A en crever.

Apres tous ces mois elle avait fini par cerner le probleme : c'etait eux. Qu'importe dans quel sens on tournait la situation, qu'importe la realite telle qu'elle s'etait passee le probleme cible restait le meme. C'etait eux deux, leur relation, leur amour qui genait. Qu'ils reprennent une importance meme infime dans la vie de l'autre et il y avait fort a parier qu'ils seraient encore une fois enleves l'un a l'autre. Comme si le monde etait ligue contre eux et voulait les empecher de s'aimer, alors qu'ils ne faisaient pourtant rien de mal. Ils ne faisaient que partager un amour, un bonheur qu'ils n'avaient voulu qu'ensemble, l'un pour et avec l'autre.

Sara sentait qu'elle n'aurait pas le courage, et probablement qu'ils ne devaient pas reconstruire leur relation. Mais si il voulait se souvenir... Qui etait-elle pour le lui interdire?

- Tres bien. Viens avec moi, indiqua-t-elle en se dirigeant vers la sortie du parc. Direction la ville, leur appartement... Et leur passe.

Bien malheureux est l'amnesique puisqu'il ne peut se construire de futur sans se souvenir ses amours, ses erreurs, ses regrets. - M. GUERIN

Plus Chris voyait les larmes déferler les joues de la blonde et plus il se haïssait d'être la cause de tout ça. Pourquoi n'était-il pas foutu de se souvenir de son passé ? Pourquoi avait-il fait de cette quête une obsession ? S'il n'était pas autant têtu, si seulement il n'était pas revenu... il n'aurait pas croisé la route de cette femme qui vivait certainement mieux sans lui, même si c'était apparement dans la douleur comme ça aussi.

Et d'un autre coté... comment ne pas croire qu'ils étaient fait pour se retrouver ?
D'accord ils s'étaient perdu une fois... d'accord Chris avait tout oublier; leurs souvenirs, leur amour. D'accord ils avaient perdu leur plus beau point commun, leur fils. D'accord ils étaient tous les deux à des milliers de kilomètres pendant plusieurs mois.
Et pourtant, pourtant... les flashs qu'il avait eu l'avaient conduit ici. Dans une ville gigantesque. Où des milliers de gens se croisent sans jamais se voir. Ils auraient parfaitement pu ne jamais se croiser.
Mais dès le premier jour où Chris était arrivé, ses pas l'avaient mené au même parc que son ancien amour. Au même endroit du meme grand parc. Et Elle* l'avait reconnu, avait tout fait pour lui parler.
Non, franchement, il paraissait impossible pour l'androgyne que tout ça ne soit que le fruit du hasard.

Mais malgré toutes ses paroles, toutes ses supplications, cette belle jeune femme qui fut sienne restait démeusuremment muette.
Chris ne savait plus quoi faire. Déjà la prendre dans ses bras, la consoler, la voir dans cet état le tuait sans qu'il ne sâche vraiment pourquoi. Juste parce qu'il savait qu'ils s'étaient aimé ? Il voulait souffir comme elle souffrait juste pour la soulager. Il était vraiment prêt à tout pour ça.
Et après, partir. Ne plus être la source du malheur de la belle. La laisser libre de se refaire une vie.

Et pourtant, Elle lui demanda de la suivre. Son coeur se serra. Qu'avait-elle en tête au juste ? Chris n'en savait rien mais il sentait que les choses allaient changer. En bien ? En mal ? Il ne savait pas encore mais les choses allaient réellement changer, il en était sur.

Chris etait revenu a New York oui, et maintenant ne tenait qu'a Sara de lui redonner ses souvenirs. Il suffisait de l'emmener aux bons endroits. La ou il avait vecu, pleure, rit, espere, hurle... Ces endroits importants pour lui dans sa vie passee le rameneraient a coup sur a sa memoire enfouie. C'etait pour sa que la jeune femme l'emmenait a l'appartement : ce parc ne lui rappellerait pas grand chose.

Sortis du parc la blonde siffla et sourit, satisfaite alors qu'un taxi s'arretait pile devant eux. Elle avait toujours la main pour ce genre de choses ou d'habitudes de New Yorkais. Elle poussa en douceur l'androgyne a l'interieur et entra a son tour avant de claquer la porte.

- 19eme et 69eme par le nord, indiqua-t-elle au chauffeur.

- Beau quartier, siffla celui-ci appreciateur.

Sara soupira et croisa ses bras sur son torse. Oui bon c'etait un quartier limite de luxe mais bon elle ne se voyait pas s'installer avec son homme et son fils dans un squat de misere tout ca pour economiser quelques dollars qui de toute facon ne manquaient pas.

Sur le trajet une boule sembla se former dans sa gorge. Beaucoup d'emotions l'emplissaient alors qu'ils se rapprochaient de cet endroit ou elle avait tant vecu, tant ressenti. Y retourner n'etait pas forcement facile. Il y avait beaucoup de rires, leur bonheur... mais c'etait aussi dans cet appartement qu'elle avait realise qu'on lui avait enleve ce meme bonheur. C'etait de cet appartement qu'elle avait passe tout un mois enfermee, exilee du monde et essayant de se raccrocher aux souvenirs des deux hommes de sa vie. Elle etait vraiment tombee bien bas alors...

Le taxi arriva bien vite, la tirant de ses pensees et la blonde regarda l'immeuble avant de se decider a sortir. Elle attendit que Chris fasse de meme et lui fit signe de le suivre alors qu'elle tapait un code sur le boitier numerique. Ne leur restait alors qu'a prendre l'ascenceur qui s'ouvrait directement dans leur salon... Et les y voila. Plonges au coeur meme de leur passe.

Sans etre en bazar il regnait dans la piece un leger desordre : des vetements oublies a la va-vite, le peignoir de bebe de Thomas sur le dos du canape, quelques jouets en plastique par terre, son ourson jaune sur un coin de la table a cote de deux assiettes vides... Un desordre colore prouvant de la vie, des rires qui y regnait autrefois.

Mais ca... C'etait avant.

Chris se laissa totalement faire. Il se laissa guider jusqu'à la sortie du parc par cette femme dont il ne connaissait toujours pas le prénom. Elle aurait pu l'emmener dans un endroit mal famé pour lui faire on ne sait pas quoi, après tout, elle avait tellement de haine contre lui.... Mais lui ne pouvait s'empêcher de lui faire confiance. Et de la suivre, peu importait où, les yeux fermés.

Il se laissa tout autant faire lorsqu'elle les mit dans un taxi. Lui encore impressionné de la prestance que cette jeune femme avait pu avoir lorsqu'elle avait hélé le véhicule. Alors comme ça, ils avaient habité un beau quartier ? Ils avaient eu les moyens d'y habiter ? Une question brulait les lèvres de Chris. Mais il n'osait pas la poser. Pas tout de suite tout du moins. Il ne voulait pas briser ce silence durant lequel son ex compagne semblait essayer de se calmer.

Plus ils semblaient se rapprocher et plus Chris avait l'impression de se perdre dans les méandres de cette ville juste immense. Comment s'y retrouver ? Se retrouver là dedans ?

Il descendit du taxi, un peu destabilisé devant la grandeur de l'immeuble. Alors il avait habité là ? Il ne pouvait s'empêcher de regarder partout autour de lui, redécouvrant chaque chose. Et pourtant, lorsqu'il vit la blonde taper le code, il eu comme une étrange sensation... comme une impression de déjà vu ?

Dans l'ascenseur, son coeur se mis à battre à tout rompre. Etait-il vraiment prêt à voir tous ces souvenirs lui remonter à la gorge ?

Et ce fut loin de s'améliorer lorsqu'il posa le pied dans son salon. Mais cette fois ci, plutot parce que contrairement à ce qu'il avait espéré rien ne lui revenait. C'était tout simplement désespérant. Il se laissa glisser à terre et s'assit en tailleur sur la moquette avant de lui donner un coup de poing bien inoffensif pour un objet mais un peu moins pour sa main.

- Je veux me souvenir !

Cria-t-il avec rage, comme un foutu espoir que ça suffise. Mais il n'y avait rien à faire.
Des larmes envahirent son visage et il ne put que répéter des dizaines de fois des

- Je suis désolé...

Adressé à Sara. Sara, son cerveau a dit Sara ?!!!
Tout n'était peut être pas perdu finalement...

Revenir dans cet appartement etait un reel choc pour la jeune femme. Elle se souvenait encore de tout le bonheur qu'ils avaient partage ici sous les rires. Elle se souvenait de la douleur ressentie en arrivant dans l'appartement completement vide... Abandonne. Ce dechirement qui lui faisait dire qu'ils ne reviendraient pas et qu'esperer serait une folle idee. En revoyant les affaires de Thomas une boule s'etait mise a grandir dans sa gorge et a l'etrangler. En fermant les yeux elle sentait encore cette legere odeur sucree qui embaumait l'appartement. Et ces souvenirs etaient douloureux meme si elle s'efforcait de ne pas le montrer. Apres tout elle savait tres bien que revenir ici ne serait pas simple, et elle etait venue quand meme. Il le fallait. Pour Chris.

- Je veux me souvenir !

Sara sursauta, retournant son regard qu'elle s'efforcait de garder ancre au dehors sur l'androgyne. Il semblait furieux, desempare... perdu.

- Je suis désolé...

Je suis desole. Il n'arretait pas de le repeter : il etait desole. Sauf que la blonde etait totalement incapable de rester a le regarder dans cet etat. Il restait celui qu'elle aimait encore malgre elle, malgre ce qu'elle l'avait accuse d'avoir fait, malgre les mois qui s'etaient immisces entre eux. Elle s'accroupit a cote de lui entourant le ventre de Chris de ses bras, le bercant doucement alors qu'elle posait son front contre sa joue. Tout ce qu'elle voulait c'etait qu'il se calme. C'etait tellement dur de le voir dans cet etat...

- C'est pas ta faute... C'est pas grave. Ca va aller...

Et Chris sembla s'arreter. Comme si il s'etait fige. Comme si... Il se souvenait de quelque chose? Est-ce que le faire venir avait marche? Se souvenait-il vraiment de quelque chose? Sara l'ignorait mais au fond d'elle elle ne pouvait s'empecher de l'esperer. Elle voulait qu'il se souvienne mais si venir ici n'avait pas reussi alors c'etait perdu. Ils seraient perdus.

Chris avait eu l'impression de devenir dingue en entrant dans cet immense salon sans vie. Comme si le temps s'y était suspendu. Il aurait voulu s'y revoir, jouant avec son fils sous le regard attendrit de sa femme. Mais rien ne lui revenait.
Et pourtant, c'était chez lui. Si même ici il n'arrivait pas à se rappeler quoique ce soit, si cette fille qui avait partagé sa vie pendant des années ne l'aidaient en rien, comment pourrait-il se souvenir de quoique ce soit un jour ? Et dire que les médecins avaient prévu ''qu'un faible choc" pourrait faire en sorte que tout lui revienne en mémoire. Foutaise !!!!

N'y tenant plus, de faire souffrir la blonde et de sa propre impuissance, il se laissa tomber à terre et les larmes vinrent toutes seules. Seulement, il ne s'attendait pas du tout à ce qu'Elle* vienne le prendre doucement dans ses bras et le bercer. Lui qui s'était toujours retenu de faire un quelconque geste lorsqu'elle était mal au point de pleurer depuis le début de l'après midi.

S'il avait su qu'un simple vrai contact physique entre eux lui fasse revenir des choses en tête. Mais était-ce vraiment un souvenir ? Où juste un délire de son cerveau. Peut être bien qu'il avait entendu ce prénom plus tot dans la journée et qu'il lui revenait en tête maintenant, alors u'il voulait abolument à se souvenir de quelque chose. Rien de plus.

Mais il se devait de vérifier. Il avait conscience que si ce n'était rien, cela détruirait surement à nouveau son ex femme. Mais c'était un risque que Chris était prêt à prendre face au soulagement que cela pourrait impliquer.

Il stoppa alors leurs balancements et se risqua

"Je peux te poser une question ?"

Il enchaina, inquiet

"Est-ce que le prénom de Sara te dis quelque chose ?"

Sara n'avait pas pu se retenir de le prendre dans ses bras en le voyant dans cet etat. Elle n'avait jamais pu supporter de le voir aller mal, c'etait la pire des tortures qui soient pour elle et c'etait instinctivement qu'elle s'etait penchee sur lui pour le prendre dans ses bras et le bercer comme elle l'avait toujours fait pour le calmer. Ca lui etait venu sans qu'elle y reflechisse vraiment en fait... Elle voulait juste qu'il se calme, qu'il aille mieux. Elle n'avait jamais ete capable de supporter de le voir se sentir mal ou de voir la moindre larme sur son visage d'ange.

Chris lui demanda si il pouvait lui poser une question et la jeune femme sentit son coeur rater un battement. Il ne lui avait jamais demande la permission pour poser des questions, emettre des doutes... Il avait toujours dit ce qu'il pensait comme il le pensait.

- Est-ce que le prénom de Sara te dit quelque chose ?

L'americaine ne put empecher un soupir de soulagement de passer ses levres. Elle avait imagine tellement pire pour qu'il ne parle pas directement...

Bon ok il avait son prenom en tete. Mais elle ne pouvait pas s'empecher de se demander dans quel contexte. Au moins elle avait enfin l'opportunite de savoir ce qu'il pensait reellement d'elle... D'eux?

- Oui... Pourquoi tu me demandes ca?

Cheri. Ce mot avait par habitude failli franchir ses levres. Elle s'etait retenue au dernier moment et s'en felicitait interieurement. Autant ne pas mettre de bordel entre eux, les choses etaient deja bien assez compliquees. Les choses etaient meme... Trop compliquees.

Chris aimait ce contact entre eux. Il avait, depuis le début de sa nouvelle vie, déjà connu le plaisir physique, la sensation agréable de se sentir en sécurité dans les bras de quelqu'un.

Mais avec Elle* c'était différent. Bien plus puissant que tout le reste. Des frissons incomparables lui parcourirent l'échine. Il se sentait dans le meilleur cocon qu'on puisse rêver. Le plus doux, le plus chalereux. Le plus tout quoi...

C'est peut être cette sensation de pleinitude qui lui fit raviver ce semblant de souvenir. Alors comme ça, elle connaissait ce prénom. Mais elle voulait savoir pourquoi... Et si ce n'était pas elle ? Et si il avait été un salop à double vie et que c'était le prénom de sa maitresse ?
Non impossible, il avait l'intime conviction que ce prénom était fait pour elle. Il lui allait tellement bien...

- J'ais... eu le sentiment que c'était ton prénom

Se risqu'a-t-il; attendant une quelconque réponse. Comme un jugement. Impatiemment.

Il sentit l'étreinte se défaire, la chaleur corporelle de "sa" silhouette le quittant. Il ne savait pas pourquoi elle faisait ça mais c'était plus fort que lui. Il lui attrapa son bras à la volée, mais sans lui faire de mal

- S'il te plais... reste là... j'ais besoin que tu restes près de moi...

Chris lui souffla qu'il avait l'impression que c'etait son prenom et un sourire triste passa les levres de la blonde. Oui c'etait elle... Au moins il semblait avoir des bribes d'elle. C'etait mieux que rien? Mais quelque part l'estomac de Sara semblait pourtant se nouer. Apres tout aider l'androgyne a renouer avec son passe voulait dire s'y replonger ; retrouver leurs souvenirs, leurs sentiments... Ce qui n'etait pas sans etre douloureux pour elle.

L'obscurite avait fini par refroidir la piece et la blonde, soupirant, s'etait levee dans l'idee de simplement faire du jour et emmener le soleil dans ce salon autrefois si plein de vie et de rires. Mais elle sursauta en sentant Chris lui attraper le bras et se tourna vers lui.

- S'il te plait... reste là... j'ai besoin que tu restes près de moi...

- T'en fais pas, le rassura-t-elle avec douceur en s'accroupissant a nouveau devant lui. Je reviens.

Voir Chris dans cet etat lui procurait une sensation bizarre... Il se montrait fragile, comme il l'etait autrefois des qu'il voyait un danger quelque part ou que sa peur de la perdre venait le ronger. Et comme avant elle n'avait qu'une envie, celle de le rassurer et de l'apaiser. Elle deposa un baiser sur son front avant de se lever et ecarta les rideaux regardant un moment le soleil de l'exterieur et la couleur du ciel, ses bras croises sur son ventre. Elle avait toujours adore cette vue. La regarder a nouveau lui donnait l'impression de replonger dans le passe... Que tout pouvait etre comme avant. Si le ciel etait reste aussi beau malgre les orages, peut etre que malgre le temps et la douleur les sentiments pouvaient eux aussi retrouver leur force et leur beaute originelle?

Sara ne savait pas si elle aurait le courage, ou meme si elle avait le droit d'essayer de reprendre une place dans le coeur de l'androgyne. Ce n'etait pas l'envie qui lui manquait. Mais tout etait si complique. Que pouvait-elle faire ou non? Qu'avait-elle le droit de faire? Avait-elle le droit de lui dire qu'elle l'aimait encore tellement qu'a le voir ainsi en face d'elle elle lui pardonnerait tout, meme le pire, juste pour qu'ils se redonnent une autre chance? Elle revint en douceur vers son ex-petit ami et se mit a genoux en face de lui, ses jambes sous ses cuisses. Elle hesita a immiscer un contact entre eux et se contenta de lancer un sourire encourageant au blond. Ils arriveraient forcement a lui faire retrouver ses souvenirs. Ensemble ils avaient toujours tout reussi.

Devant le sourire de sa femme, car elle sembait l'être encore officiellement du moins, Chris se dit qu'il avait dû voir juste, et que en effet, c'était son prénom. Quel délicieux prénom qui allait merveilleusement bien à la blonde. Et maintenant qu'il avait réussit à récuperer un petit microscopique morceau de ses souvenirs, le blond ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin. Il se souviendrait de leur rencontre, de leur vie commune, de leur fils chéri; il en était persuadé et ferait tout pour.

Il était donc plein d'espoir quand il sentit l'étreinte de Sara se desserrer. Et il eu l'impression que cela lui broyait le coeur. Instinctivement, il attrapa son bras pour qu'elle reste près de lui. Il ne pouvait pas perdre à nouveau, pas maintenant. Pas déjà.
Chris vit le visage de la blonde se rapprocher de lui et pu sentir son coeur se mettre à battre beaucoup plus vite dans sa poitrine. Comme s'il espérait qu'elle l'embrasse ? Elle le fit, oui, mais sur son front. Le jeune homme était presque décu mais se força à ne rien montrer. Ce n'était pas le bon moment, ils se devaient de retrouver leurs fils avant pour espérer repartir sur de bonnes bases.

Il la laissa donc aller jusqu'à la fenêtre où elle sembla se perdre dans la contemplation du soleil. L'androgyne détailla la fine silhouette de la jeune femme, et plus il le faisait, plus il était persuadé qu'elle était le "fantôme" qui le poursuivait partout. Il n'avait jamais pu l'oublier, même complètement amnésique, cette silhouette le suivait, l'obsedait. Ce n'était que son souvenir d'elle, et son envie qu'elle soit près de lui, Chris en était persuadé. Il l'aimait. Même si ça parraissait dingue, improbable, inconscient. Mais il l'aimait, c'était tout ce qu'il y avait à retenir de tout ça.
Il était près à aller la rejoindre, ayant envie de la prendre dans ses bras à son tour, bien qu'il ai peur de sa réaction. Après tout, Dieu seul savait ce que Sara avait fait de sa vie après la disparition de l'homme qu'elle avait aimé...

Mais elle fut plus rapide et vint s'assoir en face du blond. Elle lui sourit, et il l'imita. Mais son sourire s'effaça presque immédiatement. Il fallait qu'il lui dise...

"Sara... je ne sais pas ce qu'il s'est passé avec Thomas... mais tout ce que je sais, c'est qu'on a tenté de me tuer..."

IL SE COMMET DE GRANDS CRIMES DANS LE MONDE ; MAIS PEUT ETRE LE PLUS GRAND EST-IL DE TUER L'AMOUR

Revenir dans cet appartement avait litteralement vide Sara de toute cette haine, cette rancoeur contre Chris. Tout l'amour qu'elle avait pu ressentir pour lui et qui etait reste vif comme neuf en elle ressurgissait. Attise par les souvenirs d'amour, de complicite, de tendresse qu'ils avaient partage ensemble dans ces murs il revenait a la surface. Si bien que la blonde n'arrivait plus qu'a vouloir que l'androgyne recouvre la memoire juste pour pouvoir lui demander de leur redonner une chance. Puis si il ne le faisait pas peut-etre au moins ne la rayerait-il pas de sa vie? Mais elle etait certaine de ne plus vouloir que de retrouver cette place dans son coeur, comme lui avait sa place dans le sien.

A defaut de savoir quoi dire et esperant arriver a quelque chose par des contacts, la jeune femme timidement jouait avec les mains de son ex, liant et deliant ses mains aux siennes. C'etait aussi un moyen pour elle de fuir son regard trop interrogateur, trop incertain... Trop meconnaissable. Trop inconnu alors qu'elle avait envie et vitalement besoin de retrouver ce Chris qu'elle avait connu, aime. Celui sans qui elle n'arrivait pas a se faire une raison ou meme mener un semblant de vie.

- Sara... je ne sais pas ce qu'il s'est passé avec Thomas... mais tout ce que je sais, c'est qu'on a tenté de me tuer...

La jeune femme accusa le coup comme elle peut... et pourtant elle n'en etait pas surprise. Cet aveu pour elle lui amenait la verite. Parce que ses parents avaient cet air satisfait au visage depuis sa disparition, et qu'elle les savait capables de tout. Ce fait que Chris lui rapportait voulait simplement dire que depuis le debut ses geniteurs etaient la cause de tout ca. Qu'ils avaient provoque leurs disparitions a Thomas et lui pour les separer. Que les deux personnes censees l'aimer peut etre le plus au monde n'avaient reellement jamais vu en elle qu'une heritiere et n'avaient par fierte pas hesite a detruire sa vie.

C'en etait trop. Sara se leva, essayant de calmer sa rage en bougeant dans la piece. Elle etait dans une fureur noire. Parce que toutes ces annees ils n'avaient finalement jamais ete sinceres avec elle. Parce que ces derniers mois ils devaient litteralement jubiler, en oubliant meme le desespoir infini de leur propre fille. Parce qu'ils avaient arrache a Sara les deux seules personnes qui lui etaient vitales ; et si ils avaient fait en sorte que Chris soit tue qu'est-ce qui pouvait l'assurer qu'ils n'en avaient pas fait autant avec leur bebe... Le vase de cristal qui lui passait sous la main explosa dans un bruit sourd alors que, dans un geste rendu fou par la colere, Sara l'avait simplement envoye voler contre la vitre de la fenetre qui avait elle aussi cede sous le choc. Mais plus encore que ce bruit etourdissant ce fut la douleur dans la paume de sa main qui la ramena au calme.

- Mes parents n'ont jamais accepte que je te prefere a un des gosses de riches auquel ils auraient voulu que je me marie, raconta-t-elle en serrant le poing alors qu'elle devait a nouveau lutter contre ses larmes. Je les savais capable du pire... Mais pas a ce point la...

Beaucoup de choses se bousculaient dans la tête de l'androgyne. Peut être beaucoup trop même. Mais pas ses souvenirs. Juste de vagues impressions. Non, son esprit n'était dirigé que vers Sara. Il passait le moindre de ses gestes; la moindre expression de son visage en revu, cherchant à les imprimer, comme s'il avait peur de tout oublier un jour à nouveau.

Sa compagne semblait plus calme à présent, peut être bien qu'elle avait compris qu'il n'y était pour rien dans la disparition de Thomas. Peut être bien qu'elle accepterait de lui donner une seconde chance ? Non, ne pas penser à ça, pas maintenant... Chris se l'interdisait.

Et pourtant, lorsqu'il sentit leurs doigts jouer ensemble, un sourire s'afficha sur le visage du blond qu'il n'arriva pas à enlever. Il aimait cette sensation, bien qu'étant conscient que c'était aussi un échapatoire pour Sara.
Rien ne lui revenait à part le fait qu'il se sentait bien. Tellement bien qu'il ne pu retenir le secret qu'il avait gardé jusque là de passer la barrière de ses lèvres.

Bien sur ça ne serait pas une chose facile à accepter, surtout que Chris ne pouvait pas expliquer le pourquoi du comment il en était venu à ce que quelqu'un veuille l'assassiner.
Mais il ne pensait pas que Sara aurait une réaction aussi... violente ! Elle qui semblait s'être calmée, pour le coup, c'était raté ! Et l'androgyne s'en voulait de la mettre dans cet état par sa faute.

Une fois le vase et la bais vitrée explosés, Chris, qui jusqu'alors s'était retenu de se lever à son tour n'hésita pas une seconde supplémentaire. Il fit un bond et partit passer ses bras autour de Sara, collant son torse à son dos. C'était à lui d'être là pour elle maintenant.

Il s'empara de la main blessée et la regarda attentivement. Elle commençait à bleuir à certain endroit, ce qui fut loin de le rassurer.

- Tu crois qu'on a encore de la glace et de quoi faire un bandage ici ?

Non parce qu'il n'allait certainement pas la laisser dans cet état là comme ça.

L'annonce de Sara sur la culpabilité de ses parents mis comme un froid

-Attends, tu ne peux pas les accuser comme ça, peut être que cela n'a rien a voir avec ma disparition. Ce sont tes parents après tout...

Chris ne le savait pas, mais à cet instant, on pouvait sentir qu'il n'avait aucun souvenir des siens...

Furieuse. Decue. Trahie. Sara n'avait meme pas mal d'etre ainsi trompee par ses parents, elle en avait bien trop l'habitude. Mais elle avait mal. Parce qu'ils avaient voulu tuer celui qui immanquablement resterait pour elle l'homme de sa vie. Il avait failli mourir. Ils auraient pu ne plus jamais se revoir... Et elle aurait passe une eternite a le hair pour rien, sans meme le savoir. Au fond elle savait qu'elle ne serait vraiment s'en serait jamais remise. Cette haine et cette douleur en elle auraient fini par la tuer de l'interieur. Elle l'avait senti, chaque nuit, en fuyant ses cauchemars. Elle serait morte de chagrin de les avoir perdu pour de bon.

Chris vint dans son dos, la prenant dans ses bras et d'instinct Sara s'imposa de ne plus bouger. Elle n'aurait pas supporte de le blesser dans un acces de rage. Elle essayait de calmer sa respiration trop rapide, trop saccadee un gemissement franchissant ses levres alors qu'il saisissait doucement sa main. Et voila qu'en plus elle s'etait blessee sans s'en rendre compte. Super.

- Tu crois qu'on a encore de la glace et de quoi faire un bandage ici ?

- On doit avoir ca. J'ai touche a rien ici, avoua la jeune femme maladroitement. J'avais pas le courage.. de me faire a.. Ca.

Parce que vider leur appartement aurait voulu dire laisser la page se tourner. Et elle n'en avait pas la force : elle ne vivait que pour eux et il ne pouvait pas en etre autrement. C'etait surement aussi pour ca qu'il n'y avait qu'eux, et maintenant que dans les bras de l'androgyne, qu'elle pouvait se calmer. Sa nuque posee contre l'epaule de son ex elle fermait les yeux, se calmant progressivement et totalement. Oui il n'y avait vraiment que lui qui pouvait l'apaiser comme ca.

-Attends, tu ne peux pas les accuser comme ça, peut être que cela n'a rien a voir avec ma disparition. Ce sont tes parents après tout...

- Mes parents n'ont jamais agi comme tel, soupira la blonde en se sentant tiree hors de cette bulle de douceur qu'elle commencait a retrouver. Au mieux ce sont des geniteurs, qui me voient plus comme une heritiere qui se doit de faire vivre leur sang tellement important et superieur au reste du monde. Ils n'en ont rien a faire de ce que je ressens, de moi, de ma vie. La seule chose qui importe c'est que je fasse ce qu'ils attendent de moi.

- Et... J'etais comme ca. A leur obeir, tout le temps. Mais tu es arrive dans ma vie et je me suis rendue compte que pour aimer il fallait etre libre. Ils essaient simplement de renchainer leur marionnette a ses fils.

Ca, c'était clair, Chris aurait parfaitement pu ne jamais revoir Sara.
Parce qu'il se demandait encore lui même comment il pouvait avoir réussit à rester en vie en étant pieds et poings liés à une pierre pesant approximativement 20 kg et jeté dans le fleuve allemand.
Et une fois sortit de l'eau, comment ne pas mourir en étant resté environ 8 heures par - 21°C, échoué, sans que personne ne lui apporte une quelconque aide.

Et pourtant, ils s'étaient retrouvés. Comme une promesse que jamais rien ne réussirait à les séparer.
Et l'androgyne ne comptait pas laisser quelqu'un les séparer une nouvelle fois. Il aimait trop avoir Sara dans ses bras, sentir son coeur battre et se répercuter dans sa propre poitrine à lui. Le rendant véritablement vivant.

Chris grimaça en voyant l'état de la main de celle qu'il aimait. Pour avoir vu la sienne dans le même état à son réveil du coma, il en déduit qu'il était temps de faire quelque chose avant que ça n'empire.

Alors comme ça, elle n'avait pas eu le courage de se faire à l'idée que tout était finit ? Malgré lui, le blond ne pu réprimer un sourire. Peut être pouvait-il avoir encore l'espoir fou qu'ils pourraient se remettre ensemble ?

Mais comme Sara semblait à peine se calmer, il n'osa pas bouger tout de suite. Et puis il ne voulait pas se défaire de cette douce étreinte.

- Tu me diras, vu ce que tu m'as raconté sur les miens, ils n'avaient pas l'air spécialement mieux...

Il marqua une pose. Qu'étaient devenus ses parents aujourd'hui ? Etaient-ils encore en vie ? Se souviendraient-ils de lui ?

- J'aurais voulu qu'ils ne te fassent pas souffrir comme ça, Sara. J'aurais voulu avoir été capable de me battre pour qu'ils ne touchent pas à Thomas, pour qu'ils ne m'éloignent pas de toi. Je voudrais rester toujours à tes cotés...

Drole de manière d'avouer ses sentiments alors qu'il venait à peine de la retrouver. Chris n'était pas sur d'avoir bien agit; il préféra lâcher la blonde pour suivre son instinct, cherchant la cuisine puis la salle de bain pour trouver de quoi soigner la main de la jeune femme.

Parfois la vie est injuste. Ceux qui devraient vous aimer vous meprisent ; ceux qui devraient vous soutenir sont les premiers a vous poignarder dans le dos ; ceux dont vous voudriez ne jamais etre separes vous sont arraches ; ceux qui vous offrent une raison de vie vous offrent la mort. Tout pouvait sembler contraire a l'ordre logique des choses et n'en resulte que la souffrance. Et pourtant la souffrance etait indissociable de la vie puisque c'etait elle qui vous menait vers la Mort. C'etait injuste mais c'etait ainsi. Et personne ne pourrait rien y changer.

La vie avait voulu que Chris et Sara aient des parents incapables de preter attention a leur role. Et pourtant c'etait un mal necessaire puisque c'etait cette douleur commune et ce manque qui les avait fait se trouver dans un certain sens, renforcant leur besoin de l'autre puisqu'ils etaient le prolongement de cet amour et de cette tendresse trop longtemps refusee par leurs geniteurs. Et si la douleur etait a l'origine de la force indiscutable de leur amour alors Sara etait prete a souffrir encore et encore pour qu'ils restent toujours aussi unis qu'a leur premier jour.

- J'aurais voulu qu'ils ne te fassent pas souffrir comme ça, Sara. J'aurais voulu avoir été capable de me battre pour qu'ils ne touchent pas à Thomas, pour qu'ils ne m'éloignent pas de toi. Je voudrais rester toujours à tes cotés...

En entendant ces mots le coeur de la jeune femme se mit a s'affoler. Litteralement. Il s'emballait a un point inimaginable. Comme chaque fois qu'elle entendait ses "je t'aime". Comme chaque fois qu'elle ressentait son amour dans ses caresses, dans ses baisers, dans ses regards ou ses sourires. Son regard quitta le sol et se rapprochait de l'androgyne, hesitant. Mais avant qu'il n'ait pu se poser sur lui Chris s'etait deja detache de leur etreinte et partait seul dans l'appartement. La jeune femme le suivit et fut surprise de voir qu'une intuition ou qu'une bribe de souvenir le menait d'un seul coup a la salle de bains.

- Qu'est ce que tu fais, demanda-t-elle sans retenir son amusement.

Elle le regardait fouiller, de cette meme facon qu'il avait toujours de mettre tel coin en bordel pour fouiller tel autre et cela l'amusait. Mais son amusement laissa place a un soupir puis au rire lorsqu'elle comprit ce que cherchait le jeune homme.

- T'embete pas avec ca, c'est pas aussi grave que ca en l'air. Puis j'en ai vu d'autres. Bien pires qu'une legere ecorchure crois moi!

De quel droit Chris lui avait-il avoué tout ça ? Sara avait assez souffert par sa faute, il ne pouvait pas revenir dans sa vie et y foutre un bordel monstre.

Il ne la connaissait qu'à peine malgré tout alors comment pouvait-il être si sur qu'il l'aimait autant ? Elle avait pourtant été claire, sa vie c'était Thomas. Elle ne s'était jamais remise de l'enlèvement de son bébé alors qu'elle semblait avoir réussit plus ou moins à se remettre de la disparition de l'androgyne.
Encore une fois, il aurait mieux fait de fermer sa gueule, c'était beaucoup trop tot pour lui parler de sentiments.

Alors il ne trouva rien de mieux que de fuir son regard, comme un lâche.
Bon d'accord, l'état de santé de Sara l'inquiétait aussi. Alors il se mis à chercher. L'appartement semblait bien plus vaste que Chris ne l'aurait cru. Comment retrouver l'armoire à pharmacie parmis les 200m² qui s'étendaient devant lui ?

Il entendit la voix amusée de Sara derrière lui. Au moins, elle ne semblait pas trop choquée par ce qu'il venait de lui avouer.
Mais n'osant pas répondre, il continua sa recherche, se laissant guider par son instinct pour trouver la bonne pièce.

Et oh miracle, il finit par tomber dessus après avoir ouvert une bonne dizaine de portes sur son passage.
Il rentra dans la pièce carrelée blanc et un bleu pastel, très jolie. Puis Chris se dirigea vers ce qu'il pensait être une armoire à pharmacie mais grimaça en entendant ce que Sara lui avouait. Elle avait vu pire ? Pourquoi il était incapable de s'en souvenir ?!
Il tourna la clé déjà placée dans la serrure de la boite blanche et poussa la petite porte. Il en sortit du coton, du désinfectant et une bande. Ils avaient vraiment tout prévu !

-Assieds toi s'il te plais...

Demanda calmement le blond tout en désignant le rebord de la baignoire à Sara.
Puis il nettoya méticuleusement la plaie avant de la panser comme il le fallait. Ces gestes lui étaient venus instinctivement, comme s'il l'avait toujours fait.

- Une légère écorchure hein...

Se moqua-t-il légèrement en voyant la belle entaille qui balafrait la main de la jeune femme.

-Et que t'es-t-il arrivé de pire qu'une simple écorchure ?

Demanda Chris, impatient de voir si cela allait lui rappeler des souvenirs alors que ses yeux se plongeaient dans le regard azur de Sara...

Chris avait et de loin le droit de lui parler d'amour. Il etait meme la seule personne a qui Sara ne l'autoriserait jamais. Parce qu'elle l'aimait au dela de ce que les gens pouvaient bien penser, ou meme croire. Elle l'aimait a en avoir oublie de vivre pendant son absence. Elle l'aimait a en mourir si elle devait un jour se heurter a l'idee qu'ils ne feraient plus partie de la vie de l'autre. Elle l'aimait comme elle aimait son bebe, d'une maniere totalement soumise et inconditionnelle. D'un de ces amours qui ne s'arretent jamais.

Bien sur apres ces mots, apres ces sentiments qu'elle avait eu la sensation de pouvoir y lire, elle aurait aime qu'il se passe quelque chose. Qu'ils se retrouvent. Mais peut-etre simplement Chris n'etait pas pret a se donner a une relation et elle n'avait pas voulu alourdir le poids de son amnesie avec des sentiments.

Elle l'avait suivi dans la salle de bains. En quelque sorte pour s'assurer qu'il ne perdrait pas dans le dedale de pieces, mais surtout parce qu'elle ne pourrait plus ne pas l'avoir dans son champ de vision. Ca serait comme accepter qu'il disparaisse a nouveau et ca... C'etait impossible. Mais a voir Chris prendre de quoi soigner sa main elle ne put s'empecher de s'amuser. Il avait toujours fallu qu'il intervienne et qu'a la moindre goutte de sang, a la moindre douleur, il soit la pour la guerir. Son coeur saignait de trop manquer de lui et de son envie de l'embrasser est-ce qu'il allait guerir cette blessure la, aussi? Sara l'esperait sans vraiment savoir si elle en avait le droit. Mais l'espoir qu'il le fasse etait la.

-Assieds toi s'il te plais...

La blonde s'executa sans plus broncher. Par habitude tout simplement. Cette scene s'etait repete mille et mille fois. Elle savait que de toute facon tenter de resister serait du temps perdu, debouchant parfois meme sur une dispute qui pourrait etre evitee. Alors elle s'assit et lui tendit la main le laissant la soigner.

- Une légère écorchure hein...

-Et que t'es-t-il arrivé de pire qu'une simple écorchure ?

- Demande moi plutot ce qui ne m'est pas arrive, rit la jeune femme. Pourquoi tu crois qu'on a tout ce qu'il faut? Je suis aussi maladroite que bagarreuse alors des bleus et des ecorchures j'en ai vu. En fait j'en ai meme tellement vu que j'ai arrete de compter! Mais j'ai de la chance meme si je ne me gueris pas mon corps le fait toujours entierement, alors...

Alors elle pouvait esperer clore le sujet avant de revenir sur les nombreuses blessures dues a ses bagarres avec son pere? Oublier de lui raconter toutes ces fois ou ils avaient ravage une piece, decidant a leur maniere d'un choix crucial dans sa vie. Toutes les fois ou elle etait revenue couverte de bleus, de fractures, d'ecorchures n'en finissant plus de saigner... Mais les douleurs qui font les plus mal ne sont jamais les douleurs physiques. Celles que porte le coeur sont bien plus atroces : ce sont celles qui ne se referment jamais.

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